Il est délicieux d’être libre quand on a suffisamment à faire et à penser pour éviter de jamais s’ennuyer, quand le travail que l’on fait est agréable et semble (douce illusion !) de quelque utilité ; quand on a la vision nette de ce qu’on désire accomplir et la force d’esprit suffisante pour ne jamais trop dévier du but poursuivi. Il est délicieux d’être libre. Mais, parfois, je dois l’avouer, il m’arrive de regretter les chaînes dont je ne me suis pas chargé. L’envie me prend alors d’une maison pleine d’affaires, d’un coin de terre où pousseraient des choses. Je sens que j’aimerais connaître intimement un petit pays, et ses habitants, que j’aimerais les avoir connus depuis des années, toute ma vie. Mais on ne saurait être à la fois deux choses incompatibles. Qui désire la liberté doit sacrifier les douceurs de l’esclavage. Ce n’est, hélas ! que trop évident.
Tour du monde d'un sceptique, Aldous Huxley
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